Depuis 2019, le label Territoire Ville et Villages Internet porté par Villes Internet intègre la mention « Transition écologique », fruit de sa collaboration avec l’INR. Dans cette optique, les territoires engagés dans une transition numérique et écologique reçoivent une Arobase Verte.
En 2024, 5 collectivités ont verdi une de leurs arobases. En région Hauts-de-France, Villeneuve d’Ascq a obtenu l’arobase verte. Charles ANSSENS, Élu au conseil municipal – Délégation communication numérique revient l’engagement en termes de numérique responsable du territoire.
Quels ont été les principaux moteurs ayant incité Villeneuve d’Ascq à s’engager dans une démarche de numérique responsable et à l’intégrer dans sa feuille de route ? Quels étaient les objectifs visés en termes de réduction de l’empreinte numérique ?
La ville est depuis longtemps motrice dans une politique « verte et bleu », le vert pour la nature, le respect de l’environnement et le bleu pour la bonne application des nouvelles technologies et notamment les services numériques à destination de la population.
L’engagement dans une politique de numérique responsable est donc ancré depuis longtemps cependant les crises récentes comme le COVID ou la crise des prix de l’énergie sont des accélérateurs pour mener à bien nos projets permettant de réduire l’émission de CO2.
Quelles solutions majeures liées au numérique responsable ont été mises en place ? Quel dispositif de fin de vie des équipements numériques est appliqué ?
Nous avons mené des projets de pilotage à distance des fluides (électricité, gaz, eau) notamment via l’attribution des marchés, cela faisait partie de nos exigences pour maîtriser au mieux nos consommations.
Pour la gestion de l’arrosage des espaces verts, nous pouvons maintenant ajuster la consommation d’eau en fonction des prévisions météorologiques, afin de préserver les ressources en eau. Le dispositif technique génère par ailleurs des alertes en cas de panne ou de fuite.
Sur les équipements numériques nous avons eu une double approche avec en effet l’objectif de faire durer : protéger, entretenir, réparer, la seconde vie et enfin le recyclage. Le second objectif est le bon usage des équipements via la sensibilisation des agents, on peut citer plusieurs cas concrets : la cybersécurité, le partage de fichier plutot que l’envoi de pièces jointes dans les emails, les impressions papiers…
C’est aussi important d’avoir les échelles de mesure, ce qui consomme le plus de CO2 c’est la fabrication d’un nouvel appareil. Nous avons mis fin au dogme d’acheter que des produits neufs, le matériel informatique reconditionné a pris sa place dans la politique d’achat de la Direction des Systèmes d’information de la ville de Villeneuve d’Ascq depuis 2021.
Quels sont les résultats observés suite à la mise en place de ces actions ? Quelles sont vos perspectives futures ?
La gestion centralisée des fluides (électricité, gaz, eau) nous a permis d’atténuer les effets d’augmentation des coûts, sans cette possibilité nous aurions été très contraint dans notre gestion budgétaire.
Nous pouvons aussi citer les 50% d’économie d’énergie pour l’éclairage public grâce au renouvellement des équipements avec la technologie LED mais aussi grâce au pilotage à distance tant sur les plages de fonctionnement et aussi en réglant finement l’intensité d’éclairage en fonction des besoins. Nous concilions ainsi économies d’énergie et impact sur la trame lumineuse.
Parmi nos perspectives futures, nous avons le souhait d’accélérer l’utilisation de nos systèmes d’Information Géographique (SIG). Après une phase initiale de mise en place et d’acquisition des données, nous avons beaucoup d’attente d’utilisations de notre SIG afin de mieux piloter et surtout d’avoir une aide à la décision conciliant données et aménagement du territoire.
Comment les acteurs locaux ont-ils été impliqués dans cette démarche ?
En 2021, nous avons mis en place un Conseil Ecologie Local (CEL) qui est constitué collégialement avec des acteurs économiques, universitaires, associatifs et des habitants. Le CEL établit une contribution concrète à la politique de la ville et à la réalisation de projets ayant de l’impact sur la préservation de nos ressources.
Nous souhaitons aussi souligner l’importance des différentes structures associatives et sociales qui étendent l’action de la ville avec notamment des formations à l’usage des outils numériques ou encore de l’accessibilité avec l’audio transcription du magazine municipal.
En quoi l’obtention de l’arobase verte contribue-t-elle à renforcer votre dynamique ainsi que celle des collectivités en général ?
Nous sommes très honorés d’avoir été distingués pour l’arobase verte, c’est une véritable reconnaissance du travail effectué et nous le partageons tant sur les aspects numériques liés au service numérique que dans les services du quotidien : gestion des équipements, service de la voirie, des espaces verts… L’approche doit être globale, c’est un travail d’équipe.
À votre avis, quels sont les enjeux pour les petites et moyennes collectivités en matière de réduction de l’impact numérique ? Comment devraient-elles s’engager ?
Nous avons un devoir d’action face à l’urgence de la transition écologique et notamment via les stratégies numériques responsables. Un des enjeux est de pouvoir rapidement avoir connaissance des bonnes pratiques, des retours d’expériences, des guides et structures permettant d’avoir un accompagnement. Les collectivités ne doivent pas adresser seules toutes ces problématiques et ne surtout pas rester isolées. Dans ce sens, l’association Villes Internet nous apporte pleinement les ressources pour adapter nos stratégies et répondre à l’urgence de la transition écologique avec les solutions numériques.
Nous tenons enfin à souligner que dans notre politique numérique responsable nous intégrons aussi la prise en compte de la fracture numérique, d’une part pour accompagner ceux qui souhaitent se former au numérique et alternativement ceux qui aspirent aussi à un droit à la déconnexion