Opérateur telecom : porte d’entrée vers le numérique responsable

Contribution Pierre Paquot, co-fondateur de TeleCoop, membre de l’INR

Telecoop, opérateur mobile engagé

Le parlement vient de nous le rappeler ce 2 novembre avec l’adoption d’un texte pour réduire l’impact du numérique sur l’environnement : si rien n’est fait, le numérique serait à l’origine de 7% des émissions de gaz à effet de serre de la France à horizon 2040. (Source : vie publique, république française)

L’opérateur telecom est la porte d’entrée universelle vers les usages numériques connectés. Cette position nous confère la grande responsabilité de construire une vision du numérique à la hauteur des défis sociaux et environnementaux de notre époque. Une des principales missions de TeleCoop est de bâtir une proposition de valeur au service d’un numérique plus sobre, humain et résilient.

Alors, comment porter un discours et des offres en phase avec ces enjeux sur un marché occupé par des géants dont le modèle économique repose sur la croissance infinie des usages connectés ? A la différence des acteurs existants, l’objectif premier de TeleCoop n’est pas le profit mais plutôt de construire un accès à un numérique au service de la transition écologique et sociale.

Concrètement, nous proposons à toutes et tous un premier moyen de passer à l’acte en souscrivant à notre forfait mobile résolument engagé dans la sobriété. Nous travaillons également au quotidien à fédérer un écosystème d’acteurs numériques partageant cette vision afin de proposer des solutions d’usages responsables à nos abonnés.

Pour permettre à chacune et chacun de s’approprier ces enjeux et dans le but d’entraîner l’ensemble du secteur dans cette voie, nous avons construit de manière collaborative et publié un livret avec 13 propositions d’actions concrètes pour un secteur des télécoms au service de la transition écologique et sociale.

Notre signature de la charte de l’INR fait partie de ces actions qui permettent de contribuer à faire évoluer les pratiques au sein même de notre organisation tout en inspirant le changement chez nos pairs.


La face cachée du numérique

Le défi de l’impact environnemental du numérique doit être relevé au niveau mondial.

Quatre tours du monde, c’est ce que réalise un smartphone lors de sa fabrication. Il faut compter la conception, l’extraction et la transformation des matières premières, la fabrication des composants et enfin l’assemblage, qui sont tous réalisés dans des pays différents. (Source : ADEME)

80% des impacts du numérique sont dus à la fabrication de nos mobiles (source : ADEME). On évoque par la suite les décharges numériques à ciel ouvert, les kilomètres de rivières polluées par l’extraction des métaux nécessaires à la fabrication de nos appareils ou encore l’exploitation infantile dans les usines d’assemblages.  Encore une fois, l’opérateur télécom joue un rôle essentiel dans le cycle du renouvellement des appareils de téléphonie mobile et est donc en capacité d’avoir un impact très conséquent sur l’allongement de la durée de vie des smartphones. Par exemple, TeleCoop a pris le parti de proposer une solution de location de téléphone mobile réparable à ses abonnés en partenariat avec Commown et nous travaillons à des mécanismes d’incitation qui permettront d’allonger la durée de vie des téléphones plutôt que de les remplacer par du neuf ou même du reconditionné.


La société commence à ouvrir les yeux

On constate à travers plusieurs exemples de livres, documentaires, films et podcasts un intérêt grandissant du grand public pour les impacts du numérique. Ceux-ci participent à l’éveil collectif. Nous vous en proposons une petite sélection autour du triptyque impact écologique, social et sur nos libertés.

Guillaume Pitron, auteur du livre « L’enfer du numérique, voyage au bout du like » nous en parle : « La pollution digitale met la transition écologique en péril et sera l’un des grands défis des trente prochaines années. »

De la même manière, le documentaire « Welcome to Sodom » dépeint les conditions de travail de 6000 femmes, hommes et enfants dans l’environnement toxique qu’est la décharge numérique de Sodom. Ce documentaire nous montre ce que deviennent nos équipements électroniques et surtout leurs impacts en termes de pollution et sur les vies humaines dans des conditions de travail extrêmes.

Enfin, dans le documentaire « Derrière nos écrans de fumée » produit par Netflix, des anciens employés des géants des réseaux sociaux nous alertent sur l’utilisation qui est faite de nos données, comment ces entreprises contrôlent de plus en plus nos modes de vie et vont jusqu’à déstabiliser nos démocraties.


La prise de conscience du législateur en France

Citons aussi quelques initiatives récentes qui vont dans le sens d’une évolution de la prise en compte des impacts de nos pratiques numériques.

  • La loi AGEC : une loi pour maîtriser le gaspillage du numérique

En janvier 2022, les fournisseurs d’accès à Internet devront informer leurs abonnés de la quantité de données consommées et indiquer l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre correspondant. Par ailleurs, la réglementation prévoit la mise à disposition des pièces détachées pendant plus de 5 ans et une extension de la garantie légale de conformité de 6 mois pour les produits réparés dans le cadre de la garantie légale de conformité,

Ce projet adopté le 12 janvier 2021 par le Sénat a pour objectif d’orienter le comportement des acteurs du numérique, qu’ils soient professionnels, consommateurs ou encore les acteurs publics. Il s’oriente autour de cinq directives :

  • faire prendre conscience aux utilisateurs de l’impact environnemental du numérique
  • limiter le renouvellement des terminaux
  • favoriser les usages du numérique écologiquement vertueux
  • promouvoir des centres de données et des réseaux moins énergivores

Des initiatives inspirantes

Citons pour terminer quelques initiatives inspirantes.

Au niveau européen l’offre zéro carbone de l’opérateur anglais Honest Mobile, les coopératives tels que The Phone Coop, Neibo ou encore Som Connexion qui permettent à leurs utilisateurs de se réapproprier leurs usages numériques à travers leur modèle coopératif. Face au secteur qui se consolide en France (le récent rachat par Bouygues Telecom de Euro Information Telecom), renforcer l’indépendance de ces initiatives est plus que jamais nécessaire.

Sur le plan de l’accompagnement à la consommation quelques gros opérateurs commencent à aborder le sujet par petites touches. Bouygues Telecom est à l’origine du lancement d’une application mobile « Mon empreinte smartphone ». Cette application permet au consommateur de mesurer l’impact carbone de sa consommation numérique mobile et d’accéder à des conseils pour changer ses habitudes.

Le Shift Project propose avec le soutien d’Orange le Mobile Carbonalyzer ainsi qu‘une extension une extension de navigateur du même nom qui permet de visualiser la consommation électrique et les gaz à effet de serre émis lors de sa navigation sur internet.

On constate également chez les gros opérateurs des progrès sur les offres associées au smartphone avec notamment le développement d’une gamme d’appareil reconditionné, mais aussi plus récemment la mise en place d’un service de réparation mobile en boutique.

Toutes ces initiatives sont autant de signaux que l’opérateur télécom peut et doit jouer un rôle central dans la promotion de pratiques numériques responsables au sein des foyers et des organisations. TeleCoop s’inscrit et s’investit pleinement dans cette dynamique.