Interview Pierre Paquot : co-fondateur de TeleCoop

Pierre Paquot, TeleCoop

TeleCoop, opérateur télécom coopératif engagé pour un numérique durable et éthique, a rejoint les membres de l’INR en mars 2021. L’INR a rencontré Pierre Paquot, co-fondateur de TeleCoop, qui partage pour nous l’engagement de l’opérateur en faveur d’un numérique plus responsable.

| Pouvez-vous présenter TeleCoop, ses valeurs, ses projets ? Quel est votre niveau d’engagement envers le NR ?

TeleCoop est le premier opérateur mobile coopératif d’intérêt collectif en France. En tant qu’opérateur télécom engagé, nous sommes membres des Licoornes et proposons une offre mobile qui pousse à la sobriété numérique, avec appels et SMS inclus mais des données mobiles limitées. Il y a donc une véritable réflexion sur le streaming, l’usage etc. contrairement à un modèle tout illimité. 

Nous faisons partie du mouvement des entreprises engagées à impacts, qui vont statutairement avoir une lucrativité limitée, qui souhaitent rendre le numérique plus responsable et accessible à toutes et tous. Nous cherchons à réinventer le secteur de la télécom en rendant plus visible la partie cachée de l’iceberg. La téléphonie engagée est une porte d’entrée vers un numérique plus responsable, c’est pour cela que l’on porte cette responsabilité. 

Cela permet également d’aller explorer des territoires « nouveaux ». Nos abonnées ont la possibilité de devenir sociétaires de TeleCoop et de s’engager dans le projet, dans le but de changer la phase du secteur du télécom, en le rendant plus responsable. 

Nous intégrons la gestion éthique et humaine des abonnés (nous prenons en charge le côté humain…) et des salariés (limitation des écarts de salaires, diversité…). Nous inscrivons aussi notre ambition dans la lutte contre la fracture numérique. Nous avons un rôle majeur à jouer pour s’adresser aux personnes géographiquement isolées, ou isolées par méconnaissance des outils et des usages.

En termes de protection de la planète et des libertés, nous cherchons aussi à limiter le gaspillage des ressources, le numérique est une ressource limitée et tout cela va guider ce qu’on laissera aux générations futures. Nous favorisons donc un numérique low-tech, open source et neutre.

| Qu’est ce qui vous a motivé à rejoindre l’INR et à signer la Charte NR ?

Nous avons une Charte TeleCoop qui récapitule notre constat, nos missions, nos valeurs. Nous avons un intérêt collectif et coopératif, c’est pourquoi nous souhaitons construire le projet avec des parties prenantes (utilisateurs, employés, collectivités…), et notamment des instituts comme l’INR, c’est très important. 

C’est pour cela que nous avons signé la Charte NR, afin de s’associer à des initiatives plus larges que la nôtre, pour transformer collectivement le monde. L’adhésion est aussi un moyen de s’engager. On ne dit pas seulement que l’on signe un document, on souhaite également adhérer et participer. Les deux vont de pair. Nous envoyons un message et nous nous engageons, parce que l’on croit au collectif. 

TeleCoop c’est une porte d’entrée mais c’est aussi un porteur d’information, de sensibilisation pour une société qui se pose beaucoup de questions sur le numérique et qui a besoin de vraies données. A l’INR, il y a cet espace de savoir que l’on peut aller chercher.

Nous souhaitons construire des ponts, commencer à appréhender notre propre service numérique interne, être exemplaire sur notre fonctionnement.

C’est pourquoi nous nous retrouvons dans le système de la charte et dans les valeurs et la mission véhiculées par l’INR. C’est important de pouvoir entrer en contact avec des acteurs du monde économique, associatif… différents du nôtre, car, par cette association de valeurs, nous pouvons nous renforcer et venir renforcer la mission de l’INR. Pour construire un avenir différent il faut que l’on participe à la création même des réponses à ces enjeux. Nous croyons aux valeurs de l’INR et aux organisations engagées. Tous ensemble, nous pouvons faire de grandes choses. 

| Quels groupes de travail souhaitez-vous intégrer à l’INR ?

Plusieurs sujets nous ont plu, par exemple le CorSerNum, car nous fournissons un service numérique donc cela nous intéresse de réfléchir à ce sujet. D’autant que des lois encadrent les services télécom au sujet de la transparence en carbone. 

Le groupe sur l’IA nous intéresse car les opérateurs ont mis cela au cœur de leur projet, mais aujourd’hui on est aux balbutiements de l’IA. Nous sommes une coopérative citoyenne et nous avons un rôle de plaidoyer important, nous nous sentons légitimes à débattre et à co-constuire sur ces thèmes. 

On aime le travail de vulgarisation qui est très important, on a besoin de messages qui soient sérieusement documentés, avec de vraies expertises. L’INR est une source fiable d’information, par exemple avec le MOOC, qui permet de construire de l’information fiable que l’on peut porter.

| Quelle est la prochaine étape ? Envisagez-vous d’être labellisé NR ?

C’est une question que l’on se pose, nous sommes encore une jeune structure. Il y a des choses dans le label que l’on fait déjà, mais le formaliser sous la forme d’un label, cela fait partie de notre parcours. C’est sur notre feuille de route, mais c’est un projet à moyen terme.

| Un dernier message pour encourager d’autres organisations à nous rejoindre et à se lancer dans le numérique responsable ?

Quel que soit votre type d’organisation (association, pouvoir public…) vous pouvez rejoindre l’INR. Ce qui fait la richesse de l’INR c’est la mixité, la diversité des structures, des idées, car il faut de la représentativité. Le numérique responsable peut être quelque chose d’impressionnant à première vue, mais il y a de la bienveillance et de l’expertise à l’INR. Venez coopérer, c’est comme cela que l’on pourra porter plus efficacement ce sujet.