Interview : Pierre Fabre engagé pour un numérique responsable

Pierre Fabre, groupe pharmaceutique et dermo-cosmétique français, engagé pour un numérique durable et éthique, a rejoint les membres de l’INR en janvier 2021. L’INR a rencontré Olivier Siegler, Directeur Accélération Digitale et Systèmes d’Information, Julien Rousseau, Responsable engagement social et environnemental et Romain Defoy, Directeur Activation Omnicanal, qui partagent pour nous l’engagement du groupe en faveur d’un numérique plus responsable.

| Pouvez-vous présenter Pierre Fabre et ses valeurs ? 

Julien : Jour après jour, nous développons des solutions novatrices contribuant au mieux-être de chacun. Notre démarche est fondée sur un positionnement unique : « le meilleur du médical et de la naturalité au service de l’humain ». Nos activités complémentaires, médicament et dermo-cosmétique, nous permettent de proposer une approche globale du soin.

Le Groupe est détenu par une Fondation reconnue d’utilité publique depuis plus de 20 ans, la Fondation Pierre Fabre, qui agit pour améliorer l’accès aux médicaments et aux soins de qualité dans les pays du Sud. Notre actionnariat salarié est également une de nos singularités : nous, collaborateurs Pierre Fabre, détenons 8,6% du capital de notre entreprise.

Nous sommes 9650 collaborateurs, présents sur les 5 continents, et fêtons les 60 ans de notre entreprise cette année.

Green Mission Pierre Fabre, l’engagement éco-socio responsable de notre Groupe (évalué ECOCERT 26000 niveau Excellence) fait à la fois partie de notre histoire et de notre ADN. 

| Quel est votre niveau d’engagement envers le NR ? Comment le mettez-vous en œuvre et quels sont vos résultats ?

Olivier : Nous nous sommes dotés d’une feuille de route Numérique Responsable depuis l’an dernier. Sa formalisation a été pour nous l’occasion de regarder dans le rétroviseur pour recenser toutes les actions NR que nous avions déjà réalisées depuis 2014. Un simple geste peut avoir de grands effets à l’échelle d’une organisation comme la nôtre. A titre d’exemple, le simple fait de supprimer la file d’impression après 24h a permis d’économiser 124 TeqCO² (soit l’équivalent de 645 000km en voiture, 3 800 smartphones, 17 150 repas avec du bœuf, 5 370 jeans en coton).

Nos actions en cours et à venir sont alignées sur l’engagement de l’entreprise à respecter la trajectoire 2°C des accords de Paris. Ce qui implique une baisse de 25% de nos émissions de CO² à horizon 2025 sur les scopes 1 et 2 et de 30% à horizon 2030 sur les 3 scopes.

Concrètement : la suppression progressive de la téléphonie fixe, le déploiement d’une téléphonie mobile double sim, le choix de partenaires et de fournisseurs qui sont alignés avec l’engagement climat du Groupe (hébergeur, infogérant), la suppression de zones de stockage, l’identification et la suppression de données obsolètes. Ces actions sont des exemples de notre contribution aux engagements du Groupe.

| Comment engagez-vous vos parties prenantes internes sur ce sujet ?

Julien : Nous sommes un Groupe international à taille humaine avec une communauté de collaborateurs très engagés sur les thématiques RSE, avec un fonctionnement en réseau. Ainsi, le webinaire organisé en mars 2021 sur l’impact social et environnemental du numérique a réuni 572 collaborateurs en live. Nous partageons également les travaux de l’INR dans nos communautés internes. Cette approche bottom-up doublée d’un soutien de notre Direction Générale facilite la sensibilisation de toutes les parties prenantes : DSI, Achats, Marques/Franchises, collaborateurs et par ricochet nos partenaires.

| Qu’est ce qui vous a motivé à rejoindre l’INR ? Quelle est la prochaine étape ? Envisagez-vous d’être labellisé NR ou de signer la Charte ?

Julien : Les rapports du Shift (2018) et de l’Ademe (2019) sur l’impact environnemental du numérique nous ont donné envie d’agir. Mais on ne savait pas toujours par où commencer. Nous avions besoin d’outils, de méthodologie et de référentiels solides pour orienter nos actions. Nous avons trouvé à travers l’INR une communauté participative et accueillante, composée d’experts et de pairs qui pilotent des projets innovants en matière de numérique responsable.

Honnêtement, nous n’avons pas pris le temps de signer la Charte (non contraignante) jusqu’à maintenant. Nous avons agi tout simplement. Nous devons prendre ce temps et montrer l’exemple : à la fois concrètement et symboliquement (rires).

Bien entendu, en tant qu’industrie, le numérique ne constitue pas la part la plus importante de notre empreinte carbone. Mais ça ne doit pas pour autant nous dédouaner d’agir !

Un de nos objectifs est d’inscrire le Groupe dans une démarche de labellisation NR en 2023, afin de faire reconnaître, par un organisme extérieur, nos engagements et nos actions en la matière.

| Quel(s) bénéfice(s) apporte une démarche numérique responsable ? Ainsi que l’adhésion à l’INR ?

Olivier : Une démarche numérique responsable n’a pas seulement pour vertu d’incarner les engagements climats/carbone d’une organisation. C’est souvent du bon sens et une source d’économie pour les entreprises. Le numérique responsable c’est d’abord de la sobriété. Et contrairement aux préjugés, sobriété n’est pas synonyme d’expérience utilisateurs sacrifiée.

Une autre vertu de cette démarche est la sensibilisation et l’engagement des collaborateurs. Nous proposons des challenges aux collaborateurs afin de réduire leur empreinte numérique. Ces challenges individuels et collectifs permettent de mesurer notre impact positif, individuel et collectif. Concrètement, nous participons au Cyber World CleanUp Day. Nous invitons pour la 2ème année consécutive nos 9 650 collaborateurs à nettoyer leurs données stockées inutilement dans les boîtes mail ou leurs fichiers inutilisés ou obsolètes. Cette offre d’engagement fédère les équipes et crée des liens entre les collaborateurs autour d’actions porteuses de sens.

C’est un tremplin pour sensibiliser les collaborateurs et partager avec eux des offres de formation sur la thématique numérique responsable, afin que chacun puisse développer ses compétences.

L’adhésion à l’INR nous permet d’avoir accès à des travaux pionniers en matière de numérique responsable. Il y a dans cette association de l’expertise et de l’engagement, de la compétence et de la convivialité.

| Comment avez-vous réutilisé le GR491 de l’INR ? Quels en sont les résultats ?

Romain : Pierre Fabre Medical Care France a conçu de manière responsable le site Dexeryl à partir des travaux de l’INR, en étant bêta-testeurs du référentiel GR491. Nous avons intégré 80 critères de ce référentiel et comptons le déployer pour l’ensemble des services numériques Medical Care France.

Grâce à l’adoption de ce référentiel, nous économiserons 15TeqCO². C’est une goutte d’eau, mais c’est la nôtre ! En adoptant précocement ce référentiel, nous faisons notre part et nous souhaitons partager cet engagement avec d’autres, à travers un modeste retour d’expérience. La première des inquiétudes quand on est marketeur, c’est d’envisager une dégradation de l’expérience utilisateurs. Je peux témoigner qu’il n’en est rien : l’adoption de ce référentiel n’affecte pas l’expérience utilisateurs. Le site Dexeryl en est le témoin.