La science, les technologies progressent et avec elles le numérique.
En parallèle, les besoins évoluent, vitaux ou non.
L’urgence climatique et la déplétion des ressources nécessitent de faire des restrictions.
Au milieu de tout cela, l’Homme doit manager les techniques et le numérique en particulier pour qu’elles lui servent à améliorer le bien-être tout en limitant les impacts sur l’environnement et en maîtrisant les progrès (I.A, automatisation, robots,…).
Mais compte tenu de ces contraintes, sur quelles techniques doit–il s’appuyer ??
S’il fonce systématiquement sur la High Tech, l’amenuisement des ressources risque de tourner court.
S’il opte pour la Low Tech, il se peut que le contexte ne le permette pas ou que les possibilités soient trop limitées.
Face à cette aporie Il est sommé de trouver une voie, mais laquelle ?
Pour parodier un célèbre humoriste, je dirais : « ni la High Tech ni la Low Tech, bien au contraire ! »
Que serait-il cet « au contraire » ? non pas l’une ou l’autre de ces techniques, mais l’une et l’autre, que l’on pourrait regrouper sous le vocable « Wise Tech ». Qui peut se définir comme la technologie appropriée, adéquate, judicieuse, rationnelle, sage à la question posée.
Par endroit on peut très bien privilégier l’une ou l’autre mais ne pas exclure le recours à la seconde.
D’un point de vue « numérique responsable », même si le choix est ouvert, on privilégiera la Low-tech (« Low-tech first ») tant que l’on peut et y recourir à chaque fois que c’est possible.
Il n’est toutefois pas toujours si évident de faire le distingo entre la High et la Low.
Si l’on parle de cultiver un champ avec une charrue tractée par un bœuf, c’est simple.
Mais si l’on évoque Vodafone qui a fourni des services bancaires (M-pesa) en Afrique depuis 2007, est-ce de la high tech, de la low-tech ou un subtil mélange des 2 ?
Dans ce cas précis, on peut la ranger dans la catégorie « Wise tech ».
L’innovation frugale comme fondement :
Distinguer les 2 catégories n’est donc pas toujours chose utile ou aisée du fait de leur intrication.
Ce qui est déterminant, c’est qu’elles relèvent toutes les 2, de la technologie/innovation frugale (concept popularisé par Navi Radjou qui vise à faire plus avec moins) qui consiste en une recherche de simplicité, d’économie de ressources ou de moyens, d’efficience.
Dans l’innovation frugale, la créativité, l’innovation, la coopération et la régénération président à sa mise en œuvre.
Quelques exemples de « wise tech » :
- WIFI non amplifié déployé en Inde sur un spectre d’ondes non réservé, consommant peu et à un coût modique.
- Micro financement et transfert d’argent en Afrique dès 2007 avec le projet m-pesa (Vodafone)
- SMS enrichi 2.0 pour exposer des sites web à des fins marketing
- API SMS et protocole USSD(service de données à faible bande passante) : cf. Orange en Afrique
- Paiement par QR code : sans NFC en scannant le QR-code du marchand et paiement (norme ISO 18004)
- …
Dans la wise tech, privilégiez la Low Tech :
Tout comme pour la fin de vie des équipements où il faut privilégier le réemploi plutôt que le recyclage.
Pour la conception de nouveaux services ou produits il faut opter pour la wise Tech en privilégiant expressément la Low Tech.
Dans tous les cas l’innovation frugale en est le socle.
Philippe Derouette
Manager de projets Green IT chez IT-CE
Légende :
(*) Wise tech : technologique adaptée, raisonnable, judicieuse (terme proposé par Navi Radjou)