Un bien commun accessible et partagé par toutes et tous, permettant d’avoir librement accès a l’information; c’était ça la promesse initiale du web. Environ 30 ans après sa démocratisation et l’essor fulgurant des technologies, nous sommes plus de 4,7 milliards d’individus connectés. Pourtant, nombreux sont ceux, et surtout celles, qui sont encore en marge de tous ces outils numériques. A l’instar des nombreuses inégalités encore persistantes dans nos sociétés, la tech n’a pas – elle non plus – échappé aux disparités liées au genre.
La fracture numérique entre les hommes et les femmes
La facture numérique, qui correspond aux inégalités d’accès aux technologies, est liée d’une part à l’équipement (manque d’accès à des outils fonctionnels, à internet…) et d’autre part à l’usage (manque de connaissance des outils, inaccessibilité des services…). Ses conséquences sont désatreuses (isolement, crise de l’apprentissage…) et creuse d’autant plus les inégalités sociales existances.
La pandémie mondiale de covid-19 qui a plongé la quasi-totalité du globe en confinement, a mis en lumière le rôle essentiel de numérique pour communiquer et permettre à chacun de continuer à avoir accès à l’information, à l’exercice de ses droits et aux services.
Une étude de l’Union internationale des télécommunications révéle qu’en 2020, 62% des hommes étaient des internautes contre 57% des femmes. A travers le monde, les femmes sont 327 millions de moins que leurs homologues masculins à utiliser l’internet mobile. Dans seulement 8% des pays, le nombre de femmes utilisant internet est supérieur à celui des hommes.
Dans seulement 24 des 85 pays ayant fourni des données sur la possession de téléphones mobiles, la parité en matière de possession de téléphones mobiles (outil le plus plébicité pour naviguer sur internet) a été atteinte. Dans les pays les plus pauvres notamment, la probabilité qu’une femme possède un téléphone est de 8% inférieure à celle d’une homme, ce chiffre monte à 21% dans l’usage d’internet sur mobile.
Dans le monde, les femmes ont 25% de chances en moins que les hommes de savoir exploiter les technologies numériques à des fins élémentaires (utilisation d’applications, services bancaires…). Elles sont également plus sujettes au cyber-harcelement, aux intimidations et à diverses menaces en ligne.
Bon nombre des causes de cet écart sont socio-économiques : les femmes sont plus susceptibles de ne pas avoir les moyens financiers, l’accès à l’éducation, ni l’aisance nécessaire pour utiliser les services numériques (manque de connaissance, stéréotypes…). La tech est le reflet de l’inégalité globale persistante dans nos sociétés : les femmes sont, là encore, plus exclues que les hommes. Au final, celles-ci finissent souvent pas être découragées d’utiliser les outils technologiques, pourtant essentiels à l’accès à leurs droits et leur autonomie.
Cela limite également les opportunités professionnelles offertes aux femmes : à travers le monde, les femmes comptent seulement pour un tiers des effectifs professionnels des TIC et leurs salaires sont généralement plus bas que ceux de leurs homologues masculins. Et ce, même dans les pays les plus developpés.
Les conséquences de l’exclusion
L’étude, menée par la World Wide Web Foundation et l’Alliance for Affordable Internet (A4AI), a analysé 32 pays à faible et moyen revenus. Le rapport estime que les pays ont été privés d’un trillion de dollars US de PIB en raison de l’exclusion des femmes dans le monde du numérique. Combler l’écart numérique entre les hommes et les femmes permettrait une augmentation du PIB de 524 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.
L’UIT estime que le marché de la tech connaitra une pénurie de spécialistes, plus de deux millions d’emplois dans le secteur ne pourront pas être pourvus.
Par l’exclusion de centaines de millions de femmes du numérique, le monde passe à côté des contributions sociales, scientifiques, culturelles économiques.
Les TIC au service de la parité
Les 17 Objectifs de développement durable (ODD) définis par les Nations Unies reposent notamment sur la promesse de ne laisser personne de côté. Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes d’ici 2030, c’est l’ambition de l’ODD 5. Les TIC sont un outil essentiel pour parvenir à l’égalité hommes-femmes et à leur émancipation, afin qu’elles puissent accéder à des opportunités de formation, de développement de carrière, de prendre part à un réseau, d’avoir accès à leurs droits et de faire entendre leurs voix…
« Il est vital d’amener les femmes et les filles vers les technologies de l’information et de la communication, pour plusieurs raisons. Les TIC facilitent l’accès à l’éducation et à la formation, ils améliorent aussi l’accès aux services de santé et la participation dans l’économie et dans la société civile. Dans un monde où 95% de tous les emplois ont une composante numérique, il est critique de favoriser la présence de femmes et de filles dans les TIC. » – Hamadoun Touré, secrétaire général de la International Telecommunication Union (2007-2014)
La féminisation du secteur du NR
Dans le Numérique Responsable la population féminine est mieux représentée que dans le reste du secteur de l’informatique, des contributions majeures ont été apportées par des expertes de niveau national voire international. Citons, par exemple, les contributions de : Françoise Berthoud (ancienne Directrice du groupement de service Eco-Info (CNRS), Julie Orgelet (DDemain), Caroline Vateau (APL), Anne-Cécile Orgerie (Directrice d’Eco-Info), Laurie Marraud (EHESP).