Appropriation et usages des données environnementales, vers des approches pilotes dans les territoires

Contribution Jacques-François Marchandise, Délégué général, et Matthieu Brient, Chargé de mission, à la Fing (Fondation internet nouvelle génération), partenaire de l’INR.

Observations of water quality from space
Observations of water quality from space – Lake Lubāns (Latvia) in Sentinel-2 satellite image from 23-08-2018 (left) and estimated chlorophyll-a concentration from Sentinel-2 MSI spectral data (right). Image: Institute for Environmental Solutions, Source: SentiLake: Sentinel-2 service for regular water quality monitoring in lakes 

Désormais ouvertes, les données foisonnent. Plusieurs projets remarquables de plateformes et observatoires émergent pour y accéder. Cependant, cette logique de l’offre est loin de croiser celle des usages. Le programme collectif Reset, animé par la Fing vise entre autres à définir et accompagner des actions transformatrices, en faveur de l’appropriation des données environnementales au service de la transition écologique des territoires.

L’Open Data a permis depuis 10 ans, l’ouverture à un nombre croissant de données énergétiques et environnementales disponibles à l’échelle de chaque territoire. Ce parcours pour l’accès et l’ouverture de ces données a été un parcours d’obstacles techniques (développement de standards, API), économiques (monétisation et communs), industriels (production, maintenance, plateformes, jeu d’acteurs), juridiques et politiques.

L’apparition de la notion de “données d’intérêt général” est introduite par la Loi pour une République numérique de 2016. Elle permet d’ouvrir des données qui présentent un intérêt économique, social ou environnemental, que l’avis du CNNum sur les données environnementales d’intérêt général (juillet 2020) vient renforcer.

Ces données environnementales d’intérêt général concernent par exemple, les données statistiques et cartographiques liées : 

  • aux environnements et milieux (qualité de l’air, eau, sols et ses aménagements)
  • à l’évolution du climat, 
  • à la biodiversité,
  • aux flux produits sur les territoires; alimentation, mobilités, déchets, énergies… 

Ces données sont encore aujourd’hui peu mobilisées par les acteurs (publics, privés, associatifs) des territoires, alors qu’elles faciliteraient les choix, initiatives et services en matière de transition écologique.


Par leur diversité, leur complexité, l’appropriation des données environnementales soulève plusieurs enjeux

Beaucoup de données environnementales sont des données non publiques, y compris quand elles sont financées par des acteurs publics. C’est le cas par exemple des données produites par les opérateurs de services urbains.

Beaucoup sont des données personnelles, comme la consommation d’eau, d’énergie, la production de déchets ménagers… En ce sens, la Fing a accompagné plusieurs travaux auprès par exemple de la métropole de Nantes, de Grand Lyon ou encore la ville de La Rochelle.

Les cas d’utilisations possibles des données sont décloisonnés, tandis que les bases de données, elles, sont cloisonnées (par métiers, process, contrats…).

Beaucoup nécessitent une expertise élevée (écologique, numérique). Leur socialisation est faible. Souvent culturellement loin du numérique, aujourd’hui peu d’acteurs du réseau éducation et environnement s’emparent des données open data sur ces sujets. 


Vers des approches pilotes dans les territoires, tirées par les usages

Pour répondre à ces différents enjeux, #Reset propose de former des alliances inter-organisationnelles, afin de développer des stratégies collectives d’actions transformatrices 1.

Pour les membres de cette coalition, plusieurs pistes d’actions se sont ainsi cristallisées autour de ces 3 ambitions:

1. Connaître les capacités de son territoire

Identifier et documenter les jeux de données existants, les outils et cas d’usages pour produire une meilleure connaissance du territoire. Un travail actuellement co-produit avec Open Data France. Exemples: Atlas de biodiversité communal, patrimoine arborée 

Soutenir les démarches de sciences ouvertes et participatives pour développer confiance et pédagogie sur ces sujets et les données produites.

2. Former et diffuser une méthodologie de validation et d’utilisation des données

Expérimenter et partager les bonnes pratiques de gouvernance, de diffusion, de stockage des données d’intérêt général. Exemples: La charte Éthique Occitanie Data, la charte de la donnée métropolitaine de la Métropole de Nantes.

Accompagner des utilisateurs dans l’appropriation d’outils de collectes et d’analyse de données biodiversité standardisées, auprès d’associations, des réseaux éducation à l’environnement et de la médiation numérique.
Exemples: Galaxy Bricks

3. Agir et concevoir de nouveaux services publics numériques d’intérêt général

Déployer et mobiliser des jeux de données au service des transitions. Identifier des pistes de financement de projets mobilisant ou produisant des données d’intérêt général. Exemples: rénovation énergétique des bâtiments, Contrat de Relance et de la Transition Écologique

Atteindre les promesses du net zéro au plus vite nécessite de connaître, suivre et adapter au mieux nos environnements. Comprendre et développer les capacités de résilience des territoires. Ce travail en coalition permet de poursuivre cette quête de confiance, de pédagogie et de valorisation des données au-delà des observatoires. 

Par des dynamiques d’usages et de médiation de ces sujets, impliquant l’ensemble des parties prenantes concernées par ces enjeux environnementaux : nous toutes et tous.

Découvrir Reset

1 Cahier d’enjeux; “Reset, quel numérique voulons nous pour demain