Depuis 2019, le label national Territoire Ville et Villages Internet porté par Villes Internet intègre la mention « Transition écologique », fruit de sa collaboration avec l’INR. Dans cette optique, les territoires engagés dans une transition numérique et écologique reçoivent une Arobase Verte.
Caroline Zorn, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg (67), vice-présidente de l’association Villes Internet revient pour nous sur les enjeux d’une convergence des transitions numériques et écologiques dans les collectivités.
– En quoi l’arobase verte constitue une clef de l’engagement des collectivités ?
Cette distinction est une étape importante. Elle est tout d’abord la consécration d’un effort collectif de l’ensemble de notre administration. Elle est ensuite un encouragement à aller plus loin.
Elle est surtout la traduction symbolique d’une prise de conscience par les collectivités territoriales de l’urgence climatique qui se traduit rapidement par des actions concrètes pour réduire les impacts environnementaux du numérique tout en posant les fondations d’un écosystème vertueux.
– Quels sont les axes prioritaires lorsqu’on décide de prendre à bras le corps la réduction de l’impact environnemental de l’empreinte numérique de sa collectivité ?
Toute conduite du changement, indépendamment du domaine qu’elle touche, repose sur deux préalables : une Gouvernance clarifiée et un diagnostic de départ partagé.
Pour le cas précis d’une collectivité, l’ambition portée par les élu·es est essentielle car elle donne l’impulsion et les moyens nécessaires. Cela se matérialise par une feuille de route numérique responsable et une implication forte à chaque étape. Il faut être convaincu et le clamer !
Il faut aussi penser mutualisation des solutions entre collectivités pour faire des économies d’échelle. Cette mutualisation doit reposer sur la transversalité des compétences (SI, communication, juridique, RH etc.) au sein de l’administration, sans oublier d’associer la société civile en vue de s’assurer d’un processus concerté.
– Quelles sont les principales difficultés que vous identifiez pour les collectivités pour se lancer dans leur politique numérique de transition écologique ?
Avant même d’aborder l’aspect durable et responsable du Numérique, c’est tout un travail d’acculturation qui est à mener. Trop longtemps la question du numérique a été laissée aux « experts » issus de la filière informatique. Hélas, cela a parfois pu conduire à des choix exclusivement techniques, étanches aux usages citoyens, aux visions politiques du numérique. Il s’agit maintenant de favoriser les conditions permettant d’abord aux membres de notre administration de maîtriser l’outil numérique puis de « soulever le capot » en vue de s’interroger sur le sens de notre action et faire preuve d’efficience. L’action de formation systématique de la DRH, à titre d’exemple, doit être déterminante.
Cet exercice n’est pas naturel, puisque, souvent, il s’agit de prendre du temps sur un agenda contraint par les services du quotidien à rendre à la population.
– Un message pour encourager les autres collectivités à mettre le pied à l’étrier ?
Se lancer dans une telle démarche, c’est répondre à une demande forte et pleinement d’actualité de la part de la population. Nous sommes ici au cœur de l’action publique de transformation vers la sobriété pour répondre à l’urgence climatique, mais aussi pour porter les autres principes du numérique responsable comme l’éthique des algorithmes, la solidarité numérique, le réemploi, etc. Souvent les collectivités ont déjà des actions lancées, mais ne réalisent pas qu’elles auraient davantage de poids avec une visibilité globale sur une démarche unique.
S’armer de patience, mettre autour d’une table l’ensemble des forces vives, créer du sens et valoriser les comportements comme les innovations de terrain, c’est le meilleur moyen de créer une dynamique collective, un projet d’administration au service de nos territoires.